La Statue de la Liberté



Place dans l'oeuvre : Revenants, Léviathan
La Statue de la Liberté n'apparaît que dans deux romans : Revenants et Léviathan. C'est dans ce dernier roman qu'elle joue véritablement un rôle important. De par les thèmes qu'elle appelle, la Statue de la Liberté est un lieu incontournable dans l'oeuvre de Paul Auster.

Revenants :
Bleu se trouve sur le pont de Brooklyn et se remémore certains moments de son enfance lorsqu'il passait sur le célèbre pont avec son père :

Passez la souris sur la photo

 

 

Léviathan :
Dans sa biographie, Peter Aaron nous conte un épisode crucial dans la vie de Sachs : sa première visite à Bedloes Island (rebaptisé depuis Liberty Island) où se dresse la statue de la Liberté. Ce dont se souvient surtout Sachs, c'est du conflit qui l'opposait à l'époque à sa mère :


"- Tu avais l'air d'un ange, habillé comme ça, a dit sa mère.
- C'est possible, mais je n'avais pas envie d'avoir l'air d'un ange. J'avais envie d'avoir l'air d'un garçon américain normal. Je t'ai suppliée de me laisser mettre autre chose, mais tu as été inébranlable. Visiter la statue de la Liberté, ce n'est pas comme jouer dans le jardin, m'as-tu dit. Elle est le symbole de notre pays, et nous devons lui témoigner le respect approprié. Même alors, l'ironie de la situation ne m'a pas échappé. Nous nous préparions à rendre hommage au concept de liberté, et moi j'étais dans les chaînes."

Ce paradoxe entre liberté et contrainte, Sachs l'illustrera bien plus tard lorsqu'il fera exploser des répliques de la statue de Bartholdi un peu partout dans le pays, afin de dénoncer tous les abus d'une nation se disant le pays de la liberté.
L'épisode de Bedloes Island est crucial pour Sachs parce que c'est à cette époque qu'il a compris une choses primordiale :

Et Sachs a gagné : "C'a été la première grande victoire de ma vie. J'avais l'impression d'avoir frappé un coup en faveur de la démocratie, de m'être dressé au nom des peuples opprimés du monde entier".

Ce que Sachs a appris ce jour-là, c'est qu'il faut savoir prendre des risques dans la vie. Mais ce jour a également constitué pour lui une expérience traumatisante. Il a assisté à la crise de panique qu'ont connu sa mère et Mrs Saperstein une fois arrivées tout en haut de la statue :

Cette panique, Sachs en souffrira plus tard. A de nombreux moments de son existence, il se sentira assailli par une sorte de vertige qui rappelle étrangement celui ressenti par sa mère dans la statue de la Liberté, juste avant de tomber du garde-fou, ou lorsqu'il trouvera sa femme Fanny au lit avec un autre homme.

Aaron le note lui-même :

Cette panique devant le vide, qu'il soit spatial ou existentiel, la plupart des personnages de Paul Auster la ressentent un jour ou l'autre. Mais il faut aussi voir dans cette dernière citation une allusion métafictionnelle de l'auteur. Ce dernier a en effet réellement vécu ce qui est arrivé à son personnage Benjamin Sachs. Le lieu (Bedloes Island) et la date (1951) sont rigoureusement identiques. Paul Auster a confessé avoir vécu le même événement traumatisant :

Un peu d'histoire...

Il est rare d'arriver de nos jours en bateau à New York, et c'est bien dommage : dans l'Upper Bay, la statue de la Liberté offre un merveilleux spectacle. Ce géant d'acier qui accueille les nouveaux arrivants est le plus grand symbole des Etats-Unis. Au XIXème siècle, elle symbolisait pour les immigrés la promesse d'un avenir meilleur.
La statue de la Liberté est l'oeuvre du sculpteur français Auguste Bartholdi, aidé par un ingénieur lui-aussi plus que célèbre : Gustave Eiffel. Elle fut inaugurée le 28 octobre 1886, devant plus d'un million de spectateurs. Le 4 juillet 1986 (le fameux jour de la chute de Sachs...), la statue s'est vue offrir une nouvelle torche, pour son centième anniversaire. Mais aujourd'hui, cette torche ne peut plus être visitée, contrairement à l'époque où se déroule l'épisode traumatisant pour Sachs-Auster : "Mais on pouvait encore monter dans la torche à cette époque, ce qui supposait un autre escalier - en plein dans le bras de la commère", rappelle Mme Sachs.
Malgré les protestations de Sachs, la statue de la liberté est aujourd'hui encore considérée comme le symbole du monde libre, comme le dit le poème écrit par Emma Lazarus (l'un des personnages du roman de Sachs), sur une plaque de bronze accrochée sur le piédestal de la statue, et que l'on peut admirer sur la photo ci-dessous.

 

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